Le Festival du Nouveau Théâtre Populaire à Fontaine-Guérin a invité Margaux Eskenazi à les mettre en scène pour l’édition d’août 2025.
Margaux Eskenazi a décidé de travailler sur Les jeunes filles du Bon Pasteur. Au sein de cette congrégation religieuse (fondée en 1840 à Angers), qui se donnait pour mission de « rééduquer les jeunes filles » : les jeunes femmes accueillies ont subi un véritable calvaire jusqu’à la fin des années 70. Châtiments corporels, punitions collectives, abandon du prénom… Les religieuses en charge de leur éducation ne leur épargnaient rien et agissaient en totale impunité. Longtemps restées muettes, ces pensionnaires du Bon Pasteur militent depuis quelques années pour que la congrégation religieuse et l’État reconnaissent leur préjudice. Plus de 50 ans après avoir été placées, elles dénoncent des violences psychologiques et physiques que leur faisaient subir les religieuses qui les encadraient. Elles réclament aujourd’hui réparation.
Fidèle à sa démarche, Margaux Eskenazi a mené une enquête auprès de ces femmes placées qui prennent la parole aujourd’hui et également dans les institutions religieuses du Bon Pasteur qui sont dans différentes villes des Pays de la Loire (Angers, Nantes, Le Mans).
CRÉATION AOÛT 2025
Festival du NTP – Nouveau Théâtre Populaire
THÉÂTRE CONTEMPORAIN
Tout part d’un documentaire : Mauvaises filles, réalisé par Emerance Dubas en 2022 que j’avais vu à sa sortie. Ce film retrace le parcours de plusieurs anciennes pensionnaires de la Congrégation du Bon Pasteur.
Lorsque le Nouveau Théâtre Populaire m’a proposé de mettre en scène un spectacle pour l’édition 2025, j’y ai repensé immédiatement. Il rejoint mes préoccupations d’allier l’histoire contemporaine, sa transposition théâtrale et les mémoires d’un lieu où le théâtre se fait – ici en l’occurrence, le Maine-et-Loire et plus spécifiquement Angers, qui accueille la maison mère du Bon Pasteur fondée en 1835.
On comptait en 1955, 43 maisons du Bon Pasteur dans toute la France. Elles accueillaient, jusqu’à la fin des années 80, des jeunes filles placées par le juge des affaires familiales ou par leurs parents eux-mêmes. Des filles qu’on disait filles-fugueuses, filles-violées, filles-mères, filles-aguicheuses, filles-turbulentes. Au moment de leur entrée dans l’institution, elles avaient en moyenne 14 ans et y restaient jusqu’à leur majorité ou s’enfuyaient pour celles qui y réussissaient.
La mission de la congrégation était de les « ré-éduquer». À coup de châtiments corporels, de travail forcé, d’humiliations collectives, de mise au mitard, de privations et de violences physiques, témoignent les filles aujourd’hui. En prières et en études arguent les bonnes sœurs. Violence systémique pour les unes, cas isolés pour la Congrégation.
Aujourd’hui, plus de 50 ans après avoir été placées, les anciennes pensionnaires dénoncent ces abus et réclament réparation. Elles se sont constituées en association. Après le temps du silence vient celui de la parole libérée. Longtemps restées muettes, ces ex-pensionnaires militent pour la reconnaissance de leur préjudice. Ce spectacle est leur porte-voix.
À la frontière d’un théâtre documenté et d’un théâtre de la fiction, après un long temps d’enquête de plusieurs mois, nous avons inventé nos récits.
Sur le plateau de théâtre, nous suivons Marthe, une jeune fille de 15 ans envoyée au Bon Pasteur, le soir du second mariage de son père. En chemin, elle croise des alliées rêvées, des adjuvantes de théâtre, qui se nomment Albertine Sarrazin, Marie-Christine Vennat et Eveline Le Bris.
Ce spectacle est né d’improvisations au plateau et d’entretiens. Les actrices et les acteurs seront tour à tour d’anciennes pensionnaires du Bon Pasteur, des musiciens, des chanteuses pour être la voix des silenciées et penser ensemble les réparations et les combats à mener.
Margaux Eskenazi
SCENEWEB : La dramaturge et metteuse en scène met en lumière le cheminement mémoriel des victimes qui, après plusieurs décennies d’amnésie traumatique, veulent aujourd’hui obtenir justice et réparation. Délicat, jusque dans la préhension de la parole des témoins (…) Les Jeunes Filles du Bon Pasteur ou les sacrées nanas apparaît également comme un spectacle résolument politique dans sa façon de s’attaquer aux ravages de la violence patriarcale, qui, en l’espèce, trouvait un relais diligent dans l’institution ecclésiastique, mais s’imposait, et s’impose encore, comme un mal beaucoup plus systémique.
Conception, adaptation et mise en scène : Margaux Eskenazi
Conception et mise en scène : Margaux Eskenazi
Ecriture : Margaux Eskenazi d’après les improvisations de l’équipe d’interprètes
Dramaturgie : Lazare Herson-Macarel
Assistanat à la mise en scène : Cordélia Monge
Conseil historique : David Niget
Avec : Leslie Bouchet, Lazare Herson-Macarel, Elsa Grzeszczak, Kenza Laala, Julien Romelard, Teresa Silveira Machado
Composition sonore : Teresa Silveira Machado
Régie générale : Marco Benigno et Lucas Soudi
Costumes : Zoé Lenglare et Manon Naudet
Production : Le Nouveau Théâtre Populaire
Soutiens : Jeune Théâtre National, Association des Amis du Nouveau Théâtre Populaire, Trublions de Jarzé, commune de Loire-Authion, collectif intérieur moquette, Quai-CDN d’Angers, D::Light, Anjou Vert Communauté
La Compagnie Nova est conventionnée par la DRAC Ile-de-France et la Région Ile-de-France au titre de la PAC.