PARLER POINTU

Studio21

Benjamin Tholozan a grandi dans un village du midi, berceau d’Alphonse Daudet. Une terre provençale, latine, violente, truculente. Une terre de corrida. Trivial et sacré s’y mêlent en permanence. Toute sa famille y vit encore, et iels parlent tous·tes avec l’accent du midi. Sauf lui. Impossible de déceler dans son phrasé la moindre intonation méridionale, le moindre mot hérité du patois roman de ses ancêtres. Pour devenir acteur, il a gommé son accent. Il parle pointu. C’est-à-dire avec l’accent du pouvoir. « Parler pointu » est une expression que les méridionaux utilisent pour désigner l’accent parisien, en réalité celui du français normatif parlé dans les médias, et sur les scènes de théâtre. Parler Pointu raconte l’abandon progressif des parlers régionaux et des accents, et ce que cette perte revêt à la fois d’intime et de politique.

Dans cette épopée historique et familiale, Benjamin Tholozan incarne avec fougue, joie et précision les personnages qui ont fait du Français et de l’accent tourangeau le seul parler encore légitime aujourd’hui.

AVIGNON 2024
La Manufacture · Intra-muros

19h15

THÉÂTRE CONTEMPORAIN

Durée : 1h25
À partir de 12 ans

▶ Dossier
www.studiovingtetun.org

NOTE D’INTENTION

Je connais Benjamin depuis des années et j’ai depuis toujours admiré ce talent qu’il a d’imiter avec précision les accents et les façons de parler des gens qu’il connaît. J’ai supposé que ce don n’était pas fortuit et que derrière cet apparent sens de l’humour se cachaient des non-dits plus souterrains.

Quand j’ai appris qu’il avait gommé son accent méridional pour monter à Paris et qu’ainsi, il avait mis à distance un héritage culturel dénigré par des siècles de centralisme, ça a résonné avec mon histoire personnelle.

Ma mère est née à Madagascar, une ancienne colonie française où l’enseignement se faisait et se fait encore très majoritairement en français. Là-bas, on cultive une admiration pour la France et l’Eldorado, c’est Paris. Or, quand on a l’opportunité de venir en France, un des moyens les plus efficients pour s’intégrer, c’est de faire oublier d’où l’on vient et de parler un français académique, légitime, c’est-à-dire sans accent.

Pour créer les figures qui peuplent le spectacle, nous nous inspirons de personnes de la famille de Benjamin, de son enfance, de personnages historiques, de faits réels, de journaux et de documentaires.

Benjamin a pratiqué l’écriture de plateau et l’improvisation avec plusieurs metteurs en scène : Lorraine de Sagazan, Guillermo Pisani, le collectif Transquinquennal… De mon côté, j’ai développé une écriture ‘Bord plateau’ faite d’aller-retour entre le texte et le plateau, une écriture soumise aux nécessités organiques de l’acteur et du jeu. Cet aller-retour constant entre l’écriture et le plateau nous oblige à l’humilité car, au-delà d’une idée préconçue sur les personnages, leur vérité et leurs moteurs s’imposent à nous.

Même si la plupart des situations et des personnages sont signifiés par le corps, la voix et le jeu, les éléments scéniques visent à distordre la réalité pour éveiller l’imaginaire des spectateurs et jouer avec le réel. La musique travaille à créer des univers sonores. La lumière, les projections installent cette ambiance méditerranéenne, latine, décrite dans les souvenirs de Benjamin. L’opéra Carmen, la corrida, un théâtre en flammes…

Hélène François

PRESSE
SCENEWEB : L’art de Benjamin Tholozan à faire exister tous les membres de sa famille, en grande partie par l’accent qu’il retrouve pour l’occasion, ainsi que diverses figures historiques, est pour beaucoup dans la finesse de l’intelligence comique de sa proposition.
L’ŒIL D’OLIVIER : Benjamin Tholozan s’empare de la grande Histoire (…) Le comédien s’enflamme et nous captive (…) Tout en nous faisant passer du rire à la réflexion. Bravo !
TELERAMA – TT : Flamboyant conteur, Benjamin Tholozan retourne aux origines de son accent disparu (…) Intime, drôle et hautement politique
L’HUMANITÉ : Les deux auteurs ont à cœur de souligner combien les langues dites régionales sont porteuses d’histoire.
HOTELLO : Benjamin Tholozan a gagné la partie, il est drôle et percutant sur un thème à rebours des modes.
DISTRIBUTION

Écriture : Benjamin Tholozan et Hélène François
Mise en scène : Hélène François
Interprétation : Benjamin Tholozan et Brice Ormain
Création musicale : Brice Ormain
Lumières : Claire Gondrexon
Scénographie : Aurélie Lemaignen

MENTIONS

Administration : Mélissa Djafar
Production : Studio21
Coproduction : Théâtre Sorano – Toulouse
Soutiens : Théâtre-Sénart – Scène Nationale – Lieusaint, Théâtre de la Tempête – Paris, CENTQUATRE – PARIS, Carreau du Temple – Paris, Théâtre 13 – Paris, Théâtre Public de Montreuil – Centre Dramatique National dans le cadre de résidence de création, Le Hublot – Colombes, le Lycée Jacques Decour – Paris dans le cadre de Paris l’Été, FRAGMENT(S) #10 (La Loge)
Avec le soutien de l’Adami dans le cadre du dispositif déclencheur et de la SPEDIDAM

Crédits photos : Marie Charbonnier et Blokaus808