Balle de match

Compagnie le Grand Chelem

En 1973, les féministes américaines se battent pour inscrire l’égalité hommes-femmes au sein de la Constitution : The Equal Rights Amendment. Au même moment, Bobby Riggs, tennisman retraité et provocateur invétéré, met au défi la numéro un mondiale Billie Jean King de le battre sur un court. Son but ? Prouver la supériorité des hommes et enterrer le combat que mène la championne pour l’égalité salariale. Le 20 septembre 1973, devant plus de 90 millions de téléspectateurs, Billie Jean King et Bobby Riggs se livrent à un match légendaire plus connu sous le nom de “la bataille des sexes”.

Dans cette nouvelle pièce, Léa Girardet s’empare d’une histoire exceptionnelle qui a bouleversé le sport féminin et la société américaine. Entremêlant théâtre documenté et cinéma de genre, “Balle de match” est le dernier volet d’une trilogie sportive, après “Le syndrome du banc de touche” et “Libre arbitre”.

CRÉATION DÉCEMBRE 2024
Le Safran – Scène conventionnée – Amiens

THÉÂTRE CONTEMPORAIN

Tout public
Durée : 1h20 (estimée)

▶ Dossier
▶ www.legrandchelem.wixsite.com

NOTE D’INTENTION

Faire du passé un récit présent
Ce nouveau projet s’inscrit au sein d’une trilogie sportive après Le syndrome du banc de touche (2018) et Libre arbitre (2022).
En 2023, nous avons fêté les 50 ans de ce match légendaire. Bien que cet évènement date d’un demi-siècle, force est de constater que les combats féministes des années 70 résonnent fortement aujourd’hui. Lors de mes recherches, j’ai été frappée par certaines similitudes entre les deux époques comme par exemple le joueur de tennis John McEnroe déclarant en 2017 à la télévision qu’il battrait sans aucun problème Serena Williams ; ou encore l’agression sexuelle de l’entraîneur de football espagnol lors de la dernière Coupe du monde qui m’a tout de suite évoqué Bobby Riggs forçant Billie Jean King à l’embrasser devant les caméras. Sous un prisme plus large, je me suis rendue compte à quel point les thématiques de cette histoire sportive faisaient échos à nos préoccupations sociales contemporaines : rapport hommes-femmes, égalité salariale, discrimination et stéréotypes de genres… Comme pour les précédents projets de la compagnie, ce cadre sportif nous permettra ainsi de tendre un miroir aux spectateurs sur notre époque.

Le manque de « storytelling » féminin
Adolescente, je n’avais pas beaucoup de figures féminines auxquelles m’identifier au théâtre. Les personnages féminins étaient la plupart du temps épouses, mères, et leurs destins souvent liés à la volonté et à la destinée d’un homme. L’Histoire combative des femmes (dans le sport, la politique, la science…) peine encore à arriver dans notre imaginaire. Et force est de constater que les grandes sportives qui possèdent pourtant des parcours « hors-norme » n’ont pas le droit au même « storytelling » que les hommes au sein de notre culture populaire. Où sont les documentaires Netflix sur Jeannie Longo, Amélie Mauresmo, Florence Arthaud ? Tant qu’il n’y aura pas de traitement similaire entre deux figures populaires comme David Beckham et Serena Williams alors les stéréotypes de genres persisteront. Raconter des parcours féminins au théâtre, au cinéma, à la télévision est un geste politique qui permet de tendre vers une égalité des sexes. Après la footballeuse Ghislaine Souef dans Le syndrome du banc de touche et l’athlète Caster Semenya dans Libre arbitre, Billie Jean King offrira un autre regard sur les femmes et permettra, je l’espère, d’inspirer les nouvelles générations.

Stéréotypes de genre et conflit générationnel
En 1973, Billie Jean King et Bobby Riggs représentent des stéréotypes : la féministe et le macho. De l’annonce du match au résultat final, les deux sportifs vont endosser pleinement leur rôle et devenir des porte-paroles. Mais ce qui est frappant dans les interviews de ces deux protagonistes, c’est à quel point il est difficile de discerner le vrai du faux. Comme des acteurs préparant leur plus grand rôle, Bobby Riggs et Billie Jean King vont flouter les frontières entre leur convictions personnelles et les attentes du public. Mais au-delà d’une confrontation des genres, ce match nous propose également une réflexion sur les incompréhensions générationnelles : Bobby Riggs est un retraité qui a connu la gloire à la fin des années 30 ; Billie Jean King est une femme de 29 ans, militante et porte-parole féministe. Deux générations que tout oppose : l’une tournée vers le passé, l’autre vers l’avenir. Et pourtant, c’est ensemble que ces deux athlètes vont marquer l’Histoire du sport. Et contre toute attente, cet événement a même été le début d’une très belle amitié entre les deux sportifs.

Une histoire américaine
En me plongeant dans cette histoire j’ai compris à quel point cette bataille des sexes n’arrivait pas « par hasard » en 1973. En effet, cette confrontation des genres est ancrée dans une époque de bouleversements sociaux et s’inscrit au sein d’une véritable crise politique américaine : la guerre du Vietnam, les Pentagon Papers, le Watergate… Le Président Nixon est sur la brèche et les différents scandales liés aux écoutes de la Maison Blanche plongent les américains dans une paranoïa généralisée. Par ailleurs, en parallèle de cette crise, un autre combat se joue : celui de la deuxième vague du mouvement féministe. Alors que Bobby Riggs veut renvoyer les joueuses de tennis dans la cuisine, les femmes manifestent dans les rues pour inscrire l’égalité hommes-femmes au sein même de la Constitution américaine : The Equal Rights Amendment (ERA). Et c’est ainsi que, sans crier gare, ce débat sur l’égalité des sexes va prendre corps dans une confrontation sportive.

La science-fiction et le cinéma de genre américain
En approfondissant mes recherches je me suis rendue compte qu’il était donc nécessaire de raconter cette histoire en l’ancrant dans son époque mais aussi en convoquant l’imaginaire de ces années-là. Pour ma part, cette période de l’Histoire m’a tout de suite évoquée le cinéma de genre et plus particulièrement les films de science-fiction et d’espionnage tels que Conversation secrète, Les hommes du Président, Blow Out ou encore La Mouche… . Et c’est ainsi, en parallèle du match de Billie Jean King et Bobby Riggs que nous avons développé l’histoire d’un bureau secret, dirigé par deux agents américains, dont la mission serait de surveiller le mouvement féministe des années 70 et d’empêcher une potentielle guerre des sexes. Bien entendu, ce bureau va, au fil de la pièce, se confronter au fameux duel Riggs/King.

Léa Girardet

DISTRIBUTION

Écriture et mise en scène : Léa Girardet
Avec : Léa Girardet et Julien Storini
Assistante mise en scène : Clara Mayer
Collaboration artistique, dramaturgie : Gaia Singer
Son : Lucas Lelièvre
Lumières : Claire Gondrexon
Costumes : Floriane Gaudin

MENTIONS

Coproduction : Le Safran – Scène conventionnée d’Amiens Métropole, Théâtre André Malraux de Chevilly-Larue, L’entre deux – Scène de Lésigny, PIVO – Théâtre en territoire/Scène conventionnée d’intérêt national Art en territoire, Le Quai des rêves / Ville de Lamballe-Armor.
Accueil en résidence : Le Safran – Scène conventionnée d’Amiens Métropole, TGP – CDN de Saint-Denis, STC – Super Théâtre Collectif à Charenton, Le Hublot à Colombes, Salle Jacques Brel et Théâtre au Fil de l’eau / Ville de Pantin, Le Quai des rêves / Ville de Lamballe-Armor.

Projet soutenu par le ministère de la Culture – Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France.

Avec ce projet, Léa Girardet est Lauréate MIRA de l’Institut français.