SI VÉNUS AVAIT SU

Cie Nova

« J’ai une cliente au chômage, elle est au RSA. Aujourd’hui, je lui ai mis un peu de rouge à lèvres, je lui ai remaquillé les yeux. Au lieu de rentrer chez elle à pied, elle a pris le bus. Ce jour-là, elle dit : “Je suis comme tout le monde, je me paie le bus.” » extrait du Corps des autres, Yvan Jablonka

Fidèle à une démarche profondément ancrée dans le réel, la Compagnie Nova puise dans son travail d’immersion le matériau sensible et politique nécessaire à ses créations. Pour l’écriture et la conception de Si Vénus avec su, Margaux Eskenazi et Sigrid Carré-Lecoindre sont parties à la rencontre de ces métiers invisibilisés, les socio-esthéticiennes, des passeuses d’âmes et de soin. Après un long temps d’enquête sur différents territoires, où elles ont interrogé le lien entre beauté et invisibilité dans des structures où la question du soin est trop souvent passée sous silence, Margaux et Sigrid ont cherché à produire un récit poétique et drôle des corps à la marge.
Si Vénus avait su est une ode aux corps différents, accidentés et cicatriciels. Une ode à la réparation libérée de toute injonction. En tissant l’intime au politique, cette forme en itinérance avec une actrice et un acteur, se prépare à voyager sur le territoire dans des lieux non-dédiés pour ouvrir le dialogue avec chacune et chacun autour de nos corps et nos vulnérabilités.

CRÉATION JAN. 2024
Théâtre de la Poudrerie – Scène conventionnée – Sevran

THÉÂTRE CONTEMPORAIN • PETITE FORME

▶ Dossier
www.lacompagnienova.org

NOTE D’INTENTION

Il y a peu de temps, je me suis souvenue de cette lecture qui m’avait tant marqué il y a une dizaine d’années, Le corps des autres d’Yvan Jablonka. Ce récit est une enquête sociologique qui porte sur les esthéticiennes. Ces instituts de beauté que je connais bien m’ont toujours intrigués et fascinés : espace hors-du-temps, quasiment exclusivement féminin, où l’on vient chercher un moment de bien-être est bien plus qu’une fabrique de la beauté moderne.

Que se passe-t-il dans l’intimité des cabines ? Quelle parole circule entre toutes ces femmes ? De quelle nature est ce soin prodigué devant un corps dénudé : physique, psychique, émotionnel ? Les esthéticiennes recueillent des paroles, accompagnent toutes les clientes sans distinction et les rendent belles et dignes. Comment cet instant pour soi est vécu ? Que signifie-t-il pour chacune d’entre nous pénétrant ces espaces ? Comment notre corps témoigne de nos vies ?

Avec Vénus, nous mènerons une large enquête dans les salons d’esthétiques auprès des clientes et des esthéticiennes mais nous nous concentrerons spécifiquement dans les lieux où nous n’en avons (apparemment) pas besoin, où la question du bien-être pourrait paraître secondaire : les centres d’hébergement d’urgence, le secours populaire, les Ephad, les centres d’oncologie, les agricultrices en milieu rural… Nous irons dans ces espaces où la question du soin rejoint celle de la dignité, de la prise en compte de son corps et de son identité et nous aborderons des questions qui restent souvent dans l’intimité des cabines : celles de l’épilation, de la manucure, du soins du cheveux….

D’un centre d’oncologie aux Restaurants du Cœur en passant par une formation d’esthétique pour les jeunes apprenties, nous nous demanderons ensemble : qu’est-ce que se faire bien raser les cheveux avant d’entamer une cure de chimiothérapie ? Pourquoi une épilation des demies-jambes lorsque l’on dort en centre d’hébergement d’urgence est importante ? La manucure est-elle essentielle à 85 ans lorsque nous sommes atteintes de la maladie d’Alzheimer ? Ou alors au contraire, devons-nous laisser nos poils, nos ongles, nos cheveux, libres et sans coupe ? Serait-ce ça le geste ultime de la liberté ?

Nous écrirons un récit à quatre entrées avec des personnages, des romances, des fictions, de l’amour, de l’intime et du profondément politique, en posant la question du corps à la marge – le corps malade, le corps pauvre, le corps vieux – mais du corps beau. Vénus sera peut-être un spectacle-variation autour de la notion grecque – « le kalos kagathon » – qui affirme une équivalence, étrange pour nous modernes, entre le bien et le beau. Les donneuses de soin seraient-elles des kalos kagathon du temps présent ?

Tour à tour sublime et drôle, nous chercherons la poésie contemporaine qui soit itinérante et en salle, qui se joue à deux ou à quatre, avec des hommes et des femmes entre 35 et 55 ans où la question de nos dignités sera au centre de notre histoire.

Margaux Eskenazi

DISTRIBUTION

Conception et écriture : Sigrid Carré-Lecoindre et Margaux Eskenazi
Mise en scène : Margaux Eskenazi
Assistante à la mise en scène : Chloé Bonifay
Avec : Eric Caruso ou Laurent Deve, Chloé Bonifay ou Dana Fiaque
Espace : Julie Boillot-Savarin
Son : Antoine Prost
Lumières : Marine Flores
Costumes : Sarah Lazaro
Régie générale : Thomas Mousseau-Fernandez

MENTIONS

Production : La Compagnie Nova
Coproduction : La Poudrerie – Scène conventionnée Art en territoire de Sevran, Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – Centre dramatique national, Les Gémeaux – Scène Nationale de Sceaux, Transversales – Scène conventionnée pour les arts du cirque de Verdun, Théâtre du fil de l’eau – Pantin, Théâtre Jean-Vilar – Vitry-sur-Seine, Espace Culturel André Malraux – Le Kremlin-Bicêtre, en cours

Ce spectacle est une commande de la Poudrerie à Sevran et sera créé à domicile à Sevran (93270) en janvier 2024